Allocution Du Metropolite Emmanuel, De France

ALLOCUTION DU METROPOLITE EMMANUEL, DE FRANCE
Notre Dame, mardi 20 mai 2014
Eminences,
Cher Monseigneur André, cardinal Vingt-Trois Excellences,
Bien chers Pères,
Chers frères et sœurs en Christ,
Le Christ est ressuscité !

Tout d'abord, je tiens à remercier le Cardinal André Vingt-Trois d'avoir accepté que nous puissions accompagner par la prière la rencontre de nos deux primats à Jérusalem qui aura lieu dimanche prochain. Par la prière, en effet, nous serons avec eux au Saint Sépulcre, à l'heure même où le temps pascal touche à sa fin. L'ici et le maintenant de cette rencontre sont donc placés sous le signe de la résurrection du Christ. Le mystère de l'œuvre salvifique de Dieu pour le salut du monde passe par la recherche commune de l'unité des chrétiens dans la communion des Eglises.

En 1964, il y a cinquante ans, à Jérusalem, se retrouvaient pour la première fois depuis des siècles de séparation, un Pape de Rome et un Patriarche Œcuménique de Constantinople. Paul VI et Athénagoras étaient animés d'une conscience particulièrement vive qu'il était de leur devoir de faire de deux réalités ecclésiales, une seule expérience du Corps du Christ. Car comme le déclare le Saint Apôtre Paul dans son Epître aux Ephésiens : « Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelé à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous » (Eph 4,4-6).

Malheureusement, à travers les siècles, nous avons oublié ce que vivre ensemble voulait dire. Nous avons oublié ce que l'esprit de communion signifiait. Nous ne parlions plus les mêmes langues. Nous ne partagions plus la même histoire. La différence de nos univers théologiques était nourrie par l'esprit de controverse. Au contraire, aujourd'hui, nous sommes capables d'écrire ensemble l'histoire, voire d'écrire ensemble une histoire commune. L'événement de 1964, que nous commémorons par nos prières ce soir, est le point de départ d'un dialogue retrouvé entre nos deux Eglises, catholique et orthodoxe, qui n'ont plus peur de se dire « sœurs ». La crainte a été vaincue par la charité. Et la charité a créé les conditions d'un dialogue de vérité où il ne s'agit pas uniquement de nous connaître, mais aussi de nous reconnaître dans l'identité de la foi de l'autre.

Depuis le schisme du 11e siècle, catholiques et orthodoxes n'ont jamais été aussi proches.
Dans le dialogue œcuménique, le chemin est aussi important que le but. Les moyens qui nous conduisent vers l'unité sont aussi cruciaux que l'unité elle-même. Ces moyens nous les connaissons: le dialogue théologique, la prière, les amitiés interpersonnelles, la reconnaissance fraternelle, le pardon. Ce sont tous ces gestes d'une communion anticipée qui construisent progressivement la destinée commune à laquelle nous sommes appelés. Dans quelques jours, le Pape François et le Patriarche Œcuménique Bartholomée se retrouveront à Jérusalem afin de prier ensemble pour l'unité de nos Eglises. Du lieu du calvaire, d'où la couronne d'épines fut enlevée de la tête du Seigneur, de la grotte de la résurrection doivent jaillir les conditions d'un engagement renouvelé. Il ne s'agit pas uniquement de commémorer un anniversaire. Il ne s'agit pas uniquement d'une rencontre protocolaire. Il s'agit de déclarer à la face du monde que les chrétiens sont engagés sur un chemin d'unité qui est irréversible.

Chers frères et sœurs en Christ,

Je terminerai cette brève prise de parole en vous citant cet émouvant témoignage du Patriarche Athénagoras : « En nous retrouvant, par la grâce divine, sur cette terre sanctifiée par les pas du Seigneur, nous glorifions Dieu, la Trinité sainte, de nous y avoir amenés d'Occident et d'Orient et appelés à nous rencontrer en son saint Nom. Nous souhaitons de tout cœur que cette rencontre bénie des personnes, cette étreinte des âmes deviennent le prélude à une communion... »


Le Christ est ressuscité !